Exemples de traductions


Traduction informatique, stylistique, technique, juridique, marketing… La localisation de jeux vidéo peut toucher à tous les sujets et nécessiter pour chacun une approche différente ; il faut donc être extrêmement polyvalent pour fournir un travail de qualité.

Vous trouverez ci-dessous quelques exemples illustrant cette variété et les solutions que j’ai mises en œuvre pour les traduire.

REMARQUE : cette partie est en construction et est appelée à s’étoffer.

Traduction scientifique

Qui a dit que le jeu vidéo n’était pas culturel ? La preuve du contraire avec ces extraits de Mass Effect qui m’ont plongé dans de longues recherches terminologiques en astronomie, astrophysique, cosmologie, physique quantique et physique nucléaire.

New space travelers ask, ‘What does it look like outside a ship moving at faster-than-light speed?’ Part of the answer can be seen in a simple pane of glass. Light travels slower through glass than it does through open air; light also moves slower in conventional space than it does in a high-speed mass effect field. This causes refraction – any light entering at an angle is bent and separated into a spectrum. Objects outside the ship will appear refracted. The greater the difference between the objective (exterior) and subjective (interior) speeds of light, the greater the refraction.

As the subjective speed of light is raised within the field, objects outside will appear to red-shift, eventually becoming visible only to radio telescope antennae. High-energy electromagnetic sources normally hidden to the eye become visible in the high blue spectrum. As the speed of light continues to be raised, x-ray, gamma ray, and eventually cosmic ray sources become visible. Stars will be replaced by pulsars, the accretion discs of black holes, quasars, and gamma ray bursts.

To an outside observer, a ship within a mass effect drive envelope appears blue-shifted. If within a field that allows travel at twice the speed of light, any radiation it emits has twice the energy as normal. If the ship is in a field of about 200 times light speed, it radiates visible light as x-rays and gamma rays, and the infrared heat from the hull is blue-shifted up into the visible spectrum or higher.

Ships moving at FTL are visible at great distances, though their signature will only propagate at the speed of light.

Il est naturel, pour les non-initiés, de chercher à « voir ce qui se passe » par le hublot d’un vaisseau en vol SLM. Une partie de la réponse s’obtient en regardant la lumière traverser un simple morceau de verre. La lumière voyage moins vite à travers le verre qu’à travers l’air. De même, elle se déplace moins vite dans l’espace que dans un champ gravitationnel. C’est le principe de la réfraction : tout rayon lumineux pénétrant de façon oblique dans un milieu différent est courbé et divisé dans son spectre. Les objets à l’extérieur du vaisseau sembleront ainsi apparaître par réfraction. Plus la différence entre la vitesse de la lumière objective (à l’extérieur) et subjective (à l’intérieur) est grande, plus ce phénomène sera prononcé.

Tandis que la vitesse subjective augmente dans le champ gravitationnel, les objets à l’extérieur paraîtront décalés vers le rouge, pour finalement n’être visibles qu’aux yeux des radiotélescopes. Les puissantes sources électromagnétiques normalement invisibles à l’œil nu seront visibles dans la partie supérieure du spectre bleu, à la limite de l’ultraviolet. Si la vitesse continue d’augmenter, les rayons X, gamma et cosmiques deviennent également visibles. Les étoiles sont remplacées par des pulsars, des accrétions de trous noirs, des quasars ou des sursauts gamma.

Pour un observateur extérieur, un vaisseau propulsé par un moteur gravitationnel apparaît décalé vers le violet. S’il voyage à deux fois la vitesse de la lumière, les radiations émises possèdent deux fois plus d’énergie que la normale. Si le vaisseau atteint 200 fois la vitesse de la lumière, il émet des rayons X et gamma visibles et la chaleur infrarouge dégagée par la coque atteint, voire dépasse le spectre visible.

Les vaisseaux qui se déplacent à vitesse supraluminique sont visibles de très loin, même si leur signature énergétique, elle, ne dépasse pas la vitesse de la lumière.

Chaque planète du jeu, aussi modeste soit-elle, dispose d’une description détaillée.

Jarfor is a close-orbiting « hot Jupiter » hydrogen-helium gas giant with clouds of airborne silicate and deeper layers of sodium. In composition, it is extraordinarily similar to 51 Pegasi’s planet Bellerophon (one of the first extrasolar planets discovered by humanity in the late 20th century).

Despite its great size, Jarfor is actually rather low-mass; the incredible heat of the star Hoc has caused its atmosphere to expand. In fact, Jarfor is so low-mass, it is tidally locked to Hoc. The temperature difference between the sunward « hot pole » and the dark side « cold pole » creates constant hurricane-force winds.

Orbital Period: 1.3 Earth Years
Radius: 63,169 km
Day Length: 1.3 Earth Years

Cette géante gazeuse hydrogène-hélium est une Pégaside riche en poussières de silicates et en sodium dans les couches inférieures. Sa ressemblance géochimique avec 51 Pegasi b, alias Bellérophon – l’une des premières exoplanètes découvertes par l’humanité à la fin du XXe siècle – est d’ailleurs frappante.

Jarfor doit son statut de géante non à sa masse, très modeste, mais à la chaleur peu commune dégagée par l’étoile Hoc qui a entraîné l’expansion de son atmosphère. Pour tout dire, la masse de Jarfor est assez faible pour lui faire suivre une orbite synchrone. Le différentiel de température entre les pôles, l’un exposé à la lumière, l’autre non, crée en permanence un front orageux le long du terminateur.

Période de révolution : 1,3 année terrestre
Rayon : 63 169 km
Période de rotation : 1,3 année terrestre

Versification

Les extraits suivants, tirés du jeu Dungeons and Dragons Online, sont traduits pour la plupart en alexandrins : il s’agit en effet de la forme de versification française à la fois la plus classique et la plus « épique », donc appropriée aux RPG… si bien sûr les restrictions de caractères le permettent, ce qui était le cas ici.

And lo the tempest! Such a fiend!
So cruel and grim and dire!
Caught in his winds our falt’ring bark
While black waves bore us higher.
Puis vint, fléau divin, la tempête traîtresse
Qui ballotta, cruelle, au gré de ses tourments,
Notre si frêle esquif voguant timidement,
De rouleau en rouleau, sans accalmie, sans cesse.

Un petit haïku ? Encore faut-il en repérer la métrique très particulière et la retranscrire fidèlement.

Sound of leaves falling,
The stones lie quiet, wary.
Titans walked these roads.
Bruissement de feuilles
Le roc se dresse à l’affût
Reflets de titans

Ambiance gaillarde, la bière coule à flots à la taverne et les bardes narrent leurs conquêtes.

A golden maid waits in shining Shae Cairdal,
A silver-tressed lass on Maradal’s wharf,
One wants to bed me, the other to wed me–
But I’d just as soon kiss an unshaven dwarf.
Une fille aux cheveux d’or m’attend à Cairdal
Une autre aux yeux d’argent au port de Maradal
L’une me veut pour amant, l’autre pour mari
Fi ! Plutôt embrasser un vieux nain racorni.

La strophe suivante est un exercice de style : concentrer en quatre vers le plus d’allitérations possible. Je relève le défi !

Cunningly creeping, the slithering stalker
Writhing and wrathful, drew near the door
Which swung wide swiftly, revealing Rasharo
Battle-bedecked, and eager for gore
Le lombric louvoyant ondule lentement
Etalé tout au long d’un tunnel tortueux
Quand dans un cliquetis d’acier acéré
Arrive Rasharo pour rosser le rampant

Adaptation d'idiolecte

Que faire face à un personnage s’exprimant dans un dialecte très particulier qui, traduit littéralement, ne provoquera qu’incompréhension chez le joueur francophone ? Pire encore, que faire lorsque ce même personnage est une caricature assumée de Français qui, traduite telle quelle, risquerait de fâcher certains esprits chagrins ?

Réponse : détourner le stéréotype et le rendre sympathique. Ainsi, il pourrait être amusant de transformer le dialogue suivant, tiré du jeu The Bard’s Tale, en un échange à la Michel Audiard : non seulement cet argot est merveilleusement suranné mais il pourrait aussi servir à justiifier les accoutrements grand-guignolesques (bérets et chemises rayées) de nos chères caricatures.

REMARQUE : la traduction qui suit est par nature très libre et ne convient donc pas à tous les projets. De plus, elle est appropriée au marché français mais pas à l’ensemble des marchés francophones (Canada notamment). Dans ce genre de cas, il est donc impératif de demander l’accord de l’éditeur et du développeur afin d’en évaluer la faisabilité.

Jean: Ah, bonjour. How so very nice to see you again! You have come to pay us what you owe us, no?
Jacques: Oui, oui. He must be here for that very thing. Jean, you are so smart! You are, how they say, the smelliest fish in the drawer!
Bard: I think you mean the sharpest knife. And since I’ve never met you, the only thing I owe you is a view of my arse as I leave.
Jean: Wait, wait! Not so fast! Perhaps it is possible we could be mistaken…
Bard: There is no mistake, you two are wasting my time.
Jean: You have the manners of a peasant! But as I am in such an agreeable mood, I will forgive you your insult and offer instead for you a, how you say, a deal.
Jacques: Oh, Jean! Jean! Once again you prove we are the cleverest of brothers! Are we not the cleverest of brothers!? Are we not, how you say, sly as boogers?
Jean: Oui! We want to give you a pleasant little tune that will summon the sexiest of beasts to aid in combat. If you would do for us but one small favor, we would give it to you, tout suit.
Bard: All right. One small favor. One. What?
Jean: Tres Magnifique! We have a silver frog that was taken from us by Caitir and hidden under her bed! Bring that to us and we will give you your song.
Bard: Get it yourself; I’m not going on another wild goose chase for the two of you.
Jean: Who said anything about a goose you silly man! We are talking about a frog.
Jacques: Quite right! A frog Small and shiny. And so loveable and cute you know. Oh, Jean! I want it. You promised me you would get it for me and I want it!
Bard: All right. But this is it. No more funny business.
Jean: Oui! Of course! No more business that is funny. We will await your return!
Jean : Ah ben tiens, qui v’là ? Si on s’attendait à revoir ta frite… T’es revenu abouler le grisbi ?
Jacques : Ben forcément. J’vois pas pourquoi il se radinerait sinon. Ou bien faudrait qu’y soit salement braque, tu crois pas ?
Barde : Si j’ai bien compris, vous croyez que je vous dois de l’argent. Mais vu qu’on ne s’est jamais rencontré, votre histoire de dette, vous pouvez vous la carrer quelque part.
Jean : Décambute pas tout de suite ! Peut-être qu’on se goure, va savoir…
Barde : Vous ne vous « gourez » pas, vous me faites juste perdre mon temps.
Jean : Fais pas ton nabus, l’ami ! T’as de la chance que j’te dessoude pas illico vu comment qu’tu nous causes. Mais j’suis bien luné aujourd’hui, alors j’te propose une combine.
Jacques : Ben dis donc, Jean, tu nous la joues sentimental ? T’as vraiment de la chance, le mariole. Parce qu’avec nous, normalement, c’est l’arme à gauche direct.
Jean : Bon, v’là le plan : tu nous files un petit coup de pouce de rien du tout, et nous, on te refourgue une rengaine qui te permet d’invoquer un larbin bien choucard au combat.
Barde : Très bien, un petit service. Un. Lequel ?
Jean : Bonnard. Alors j’t’explique : cette greluche de Caitir nous a engourdi une grenouille d’argent qu’elle garde sous son plumard. Rapporte-la-nous et on te refile le morceau.
Barde : Débrouillez-vous, je ne vais pas aller chasser une autre chimère pour vos beaux yeux.
Jean : Pas une chimère, une grenouille. Faut te jacter en engliche pour que tu piges ? A froggie!
Jacques : Yes, exactly. Une laubé de grenouille qui brille comme du carbure. Ben mon Jeannot, j’sais pas pour toi, mais moi j’en ai ras les roustons de poireauter pour l’avoir.
Barde : Très bien, mais c’est fini, plus de sale blague.
Jean : Ouais, ouais. J’te l’ai dit, on est réglos. Bon, ben on attend icigo que tu te repointes.